"Hélène et moi…et Tobbie"
par Isabelle Robin
Les autres nouvelles 2004 (lire les avis des lecteurs)
Tobbie, c’est mon chien. Un fox terrier. S’il
pouvait parler, je crois qu’il en raconterait des choses sur ma vie… Vous
croyez qu’un chien peut comprendre ? Si c’était possible, j’aimerais
qu’il me donne la recette, parce que moi je ne comprends vraiment rien aux
femmes !
Et oui, si je suis descendu de chez moi pour
promener mon chien, c’est parce que je cherchais un prétexte. Pas celui
auquel vous pensez, comme si j’avais un
rendez-vous en cachette et que le chien me servirait d’alibi. Non, le prétexte
pour échapper à l’humeur de ma femme.
D’ailleurs, l’idiot en train de promener son
chien, et bien figurez-vous qu’il n’est pas tout seul. Il y en a plein
autour de lui. Soit c’est l’heure de la promenade des chiens du coin, soit
la lune joue des siennes sur l’humeur des femmes du quartier, soit c’est
l’heure de la pub.
En ce qui me concerne, c’est la deuxième
solution… Pour les autres, allez leur demander.
Hélène, vous ne pouvez pas vous imaginer comme
elle peut m’agacer par moment. Tenez dans ces moments-là elle ressemble à sa
mère. C’est d’ailleurs ce que je lui ai
dit tout à l’heure, et c’est pour ça que je suis là avec Tobbie.
Si vous êtes un homme, vous comprendrez. Si vous
êtes une femme, vous allez vous dire « il est bien comme mon mari celui-là ».
Mais vous rendez-vous compte comment une femme
peut être compliquée ?
Il y a vingt ans maintenant que nous sommes mariés.
Je lui ai dit que je l’aimais, il y a vingt ans, et aujourd’hui, alors que
je suis resté toutes ces années auprès d’elle, elle me reproche de ne
jamais lui dire « je t’aime ».
Pour moi, il n’y a rien de plus fatiguant que de
répéter les mêmes choses à quelqu’un. Je ne supporte pas qu’on me dise
dix mille fois la même chose. Pour moi, ce qui est dit ça l’est une bonne
fois pour toutes.
Bon c’est vrai, que je n’avais rien vu. Je
l’avoue. Mais, je n’en ai rien à faire. Est-ce qu’elle a remarqué que
j’étais crevé et que j’avais fait une tache sur ma cravate ? Et
oui, elle l’a remarquée la tache sur la cravate !… Pour le reste, je
vous laisse deviner.
Bon, ça fait bien une demi-heure que je suis
dehors, il serait peut être temps que je remonte à l’appartement. En plus,
il y a un match de foot, c’est pas que je sois fana, mais j’aime bien suivre
un peu.
Allez, j’y retourne, si je ne veux pas me faire
engueuler parce que le repas attend.
J’ouvre la porte, pas un bruit. C’est bon
signe. Elle est dans la cuisine, et elle a l’air d’être calmée. Je quitte
tout de suite mes chaussures et je range ma veste dans le placard. Vous voyez je
suis sympa quand même.
J’arrive dans la cuisine. Pas de remous. Elle me
dit juste « allez, viens avant que ça refroidisse ».
Je m’assoie. Silence. Tout à l’air d’être
revenu dans l’ordre. Ouf ! Je vais pouvoir manger tranquillement.
Bon, je vais peut-être faire un effort. Je ne
suis pas si dur que ça, et je vais le lui montrer. Je sais être aimable. Allez
j’ose.
Hélène retire le couvercle de la marmite, et je
m’exclame : « hum, tu nous as mitonné un petit plat, c’est …
gentil … oh non encore des nouilles, on se croirait vraiment chez ta mère, tu
ne sais vraiment faire que ça ? »…
Tobbie a eu droit à une nouvelle promenade, c’était
vraiment la fête pour lui ce soir et moi j’ai raté le match de foot...
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