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L'expiation
par Martine Larbaig
Appelé par le sous-officier
de quart, le capitaine Van Schendel monta sur le pont.
Encore tout ensommeillé par
sa sieste quotidienne, l’air lui fit du bien.
Son navire, le Den Haag, un jacht
hollandais de la Compagnie des
Indes orientales, naviguait bâbord amures ; Les voiles étaient bien établies,
portantes et quand le vent s’engouffrait dans la mâture, on l’entendait
siffler dans les agrès.
La première chose qu’il
remarqua, fut la chaleur ; Le soleil tapait fort en ce mois de novembre
1629 à en faire suinter le brai qui jointait les planches du pont. Il s’en
rendit compte quand il sentit les semelles de ses bottes de cuir coller légèrement
au plancher.
La deuxième fut la proximité
de la terre. Bon Dieu ! C’est vrai qu’on approchait !
Il appela son second : « Lieutenant
Janssen ! »
« A vos ordres
capitaine. »
« Il faut ariser immédiatement !
Vous auriez du en prendre vous-même l’initiative, pour réduire notre vitesse !
Vous voulez que l’on percute la côte ou quoi ? »
« Mais…Capitaine,
c’est vous qui… »
« Taisez-vous !
Vous ne faîtes pas votre travail ! Tança Van Schendel …Il faut prendre
des ris, lieutenant ! Envoyez les hommes dans les enflêchures ! Et si
la manœuvre ne va pas assez vite, vous irez vous-mêmes serrer les garcettes ! »
Janssen ne demanda pas son
reste. Il craignait le capitaine et ses légendaires colères.
Il s’exécuta sans tarder,
aboyant les ordres plus qu’il ne les donnait. Des cris, des jurons fusèrent
à l’attention des gabiers qui étaient à la traîne.
Sur le pont, les marins
s’activaient en tout sens ; Ils savaient ce qu’ils avaient à faire.
On eut dit une fourmilière
dans laquelle on aurait mis un coup de bâton. Les hommes giclaient un par un
des écoutilles en courant, chacun prenant une direction différente en sortant.
Tous s’affairaient. Aucun ne parlait.
Seuls les officiers ou
sous-officiers chargés de la manœuvre criaient : « Carguez la
grand-voile ! » « Du monde aux bras ! » « Amenez
les focs ! Vite ! »
En peu de temps le navire
ralentit.
Le capitaine redonna des
ordres à Janssen : « Nous allons mettre cap à l’est !
Préparez vous à virer lof pour lof, je vous prie ! »
Et quelques instants plus
tard, le lieutenant put annoncer : « Paré à virer, capitaine ! »
« Allez ! »
Fit Van Schendel.
On entendit alors les
vergues craquer autour des mâts lorsqu’elles pivotèrent pour s’orienter.
Le pont s’inclina un peu plus au moment de
tourner pour se redresser presque à plat à la fin du virage. Le vent arrière
n’était pas idéal pour un navire taillé pour la vitesse. Mais il donnait
l’avantage de se laisser porter sans avoir à tirer des bords comme
lorsqu’il fallait remonter au vent.
Ils restèrent à bonne
distance de la côte, environ deux milles, pour naviguer en eaux profondes. Les
vigies étaient à leur place et devaient tout signaler, les cartes de la région
n’existant pas. C’était une des premières fois qu’un navire
s’aventurait dans les parages, essayant d’ouvrir un nouvel itinéraire vers
les Indes, bien plus au sud de la route habituelle. Mais le danger pouvait
advenir à tout instant. Le moindre moutonnement au loin pouvait signaler la présence
d’un écueil qui affleurait ; Le bois flottant était un péril pour un
navire sans double coque : Les récifs coralliens pouvaient vous couler
avec leurs aspérités tranchantes ou les bancs de sable vous échouer en moins
de deux.
La
terre qu’on voyait à tribord n’offrait pas un paysage remarquable :
Des falaises dénudées avec des à-pics de plus de cinquante mètres.
-1-
A
leur pied, des rochers éboulés empêchaient tout accostage.
L’équipage
n’était plus occupé à la manœuvre et s’était retrouvé sur le pont à
contempler cette « Terra Australis Incognita ». Il y en avait
partout ! Sur les passavants, tout le
long du bastingage et même sur le rouf qui menaçait de rompre sous le poids
des hommes agglutinés. Les matelots voulaient tous la voir. Certains étaient
montés sur les caronades au risque de glisser, d’autres, plus hardis, sur les
barres traversières du mât de hune.
«
Le voilà donc, ce continent rouge… » Dit tout haut Van Schendel …
Puis il s’adressa plus
particulièrement à son second : « Savez-vous pourquoi,
lieutenant, cette terre est appelée le continent rouge ? »
Janssen réfléchit un
instant et répondit : « J’ai bien une idée, mais je ne la
garantis pas.
… A cause des Indiens
peut-être, »
Van Schendel le regarda,
ahuri, et ajouta : « Celle-là, on ne me l’avait jamais faite !
Je vous prédis un grand
avenir, Janssen. Une intuition, comme ça. »
« Merci mon capitaine »
« Ne me remerciez pas.
Vous avez du mérite, et je trouve normal qu’il soit reconnu. Je pense
qu’un jour vous deviendrez chef d’escadrille. Ça vous ira très bien. »
« C’est trop
d’honneur, Monsieur…Dit Janssen en se gonflant un peu. C’est le premier
compliment que vous me faîtes depuis que je suis à bord. Quant à mon avenir,
je vous remercie de soutenir ma candidature. »
Van Schendel n’en croyait
pas ses oreilles !
« Dîtes moi,
lieutenant, vous êtes né comme ça ou vous êtes tombé du landau, tout petit ?
On l’appelle continent
rouge à cause de la couleur de sa terre argileuse, de l’ocre plein d’oxyde
de fer qui rougeoie sous les rayons d’un soleil couchant. Vous me faîtes un
drôle d’indien, tiens ! Filez à la cale et amenez moi le prisonnier
Willemsz.
Et faîtes moi déguerpir
tous ces gens. Je ne veux plus voir personne sur le pont sauf ceux qui y
travaillent. »
L’arrivée de Willemsz se
fit dans la bousculade. Entravé par les fers qui gênaient sa marche, il était
poussé pour avancer plus vite, par deux hommes en armes qui accompagnaient le
lieutenant Janssen
Le prisonnier se plaignit
qu’on lui faisait mal ajoutant qu’il n’y avait pas besoin de le bousculer
comme ça.
Van Schendel l’accueillit
les bras ouverts comme s’il allait lui donner l’accolade.
« Bienvenue sur le
pont, dit-il d’une voix tonitruante. J’ai pensé qu’un petit tour au
soleil vous ferait du bien. J’ai eu raison n’est-ce pas ? Mais souriez
donc, la vie est belle. »
Puis reprenant un ton plus
bas : « Il m’a semblé entendre des plaintes quand vous êtes
arrivé, et j’ai même cru comprendre qu’il s’agissait de
maltraitance…Allons ! Allons !
Vous avez la mémoire
courte. Dois-je vous rappeler tout ce que vous nous avez fait subir ? Oui ?
Non ? Quelle idée de prendre notre unique passagère comme otage dans
le seul but de vous emparer du navire ! Grave erreur ! Indigne du
corsaire que vous vouliez être ! Une chance pour vous que vos camarades ne
vous aient pas suivi dans cette aventure. Peut-être savaient-ils qu’il
s’agissait de la propre fille du gouverneur des Indes qui venait rejoindre son
père, notre chef à tous, le vénéré Monsieur Cohen. Et vous, vous ne le
saviez pas ?
Pour votre geste, j’aurais
pu vous faire pendre au mât d’artimon. Les lois maritimes qui nous régissent
et dont je suis le garant, m’y autorisaient pour mutinerie. Mais la
demoiselle, dans un élan de pitié que vous ne méritez pas est intervenue pour
implorer ma clémence, et commuer votre peine capitale en simple bannissement.
Si ce n’était le rang de son père et
mon désir de lui plaire, vous serviriez de festin aux mouettes, à cette heure
ci !
-2-
Je suis quand même heureux
de voir qu’elle ait pu réussir à vous convaincre de vous rendre. Vous n’êtes
pas qu’un imbécile, Willemsz, vous êtes aussi un tendre et un pleutre.»
Le prisonnier resta la tête
baissée et ne répondit pas.
« C’est mieux ainsi ! »
Continua Van Schendel en reprenant
une voix forte.
« Tout
est bien qui finit bien. Regardez ! »Dit-il en désignant la terre voisine
« C’est votre
nouveau chez-vous ! Après ces quelques jours d’emprisonnement, vous
aurez tout loisir pour vous dégourdir les jambes. Ce n’est pas la place qui
manque !
Ce n’est pas non plus les
voisins qui vont vous gêner, il n’y en a pas ! Sacré veinard !
Et puis qui sait, vous
arriverez peut-être à attraper une chèvre sauvage ou deux…
Ça vous changera des catins
vérolées que vous deviez payer dans les ports ! »
Il laissa passer un peu de
temps avant de reprendre : « Nous allons vous débarquer un peu
plus loin à l’est. Ici les rivages ne s’y prêtent pas. Vous verrez,
c’est un pays formidable ! »
Puis il descendit dans le
carré des officiers, laissant en plan le prisonnier, ses gardiens et Janssen.
Ce dernier, toujours aussi pétri de jugeote et plein d’initiative, décida de
ne rien décider. Ils restèrent donc là en plein soleil, à regarder le
paysage qui défilait.
Ils purent remarquer qu’au
fur et à mesure que le navire avançait, les falaises perdaient de la hauteur
et que la végétation commençait à poindre çà et là. L’aridité du départ
avait fait place à quelques buissons et à de l’herbe. Puis, de grands arbres
au feuillage gris vert apparurent, qu’ils ne surent pas reconnaître à cause
de l’écorce qui avait un aspect marbré. Personne n’avait encore vu
d’eucalyptus, manifestement.
Puis la végétation devînt
plus dense et les essences plus variées. Ils virent même des cocoteraies
s’avancer jusque dans la mer et des manguiers gigantesques obstruant la vision
vers l’intérieur des terres.
Les oiseaux également différaient.
Des perroquets multicolores voletaient au dessus des arbres à la recherche de
quelque fruit mûr, dérangeant en cela les aigrettes blanches qui se balançaient
sur les branches sommitales. Aux abords d’une mangrove, ils aperçurent des pélicans
qui rasaient les flots à la recherche des bancs de poissons.
Le rivage s’était modifié
aussi. Au mur de rochers avaient succédé des collines puis des plages de sable
blanc. Les criques n’étaient toujours pas accessibles car l’océan s’y
engouffrait sans retenue pour venir y mourir en longues déferlantes.
Vers 17 heures, le capitaine
remonta sur le pont. Il ne s’étonna pas de retrouver Janssen au même
endroit et dans la même posture qu’il l’avait laissé.
« Lieutenant, je vous
fais envoyer le maître charpentier pour ôter les fers de ce vaurien. »
Van Schendel s’adressa au
prisonnier : « Nous arrivons à destination, tenez vous prêt.
Vous voyez ce promontoire de
rochers à l’avant du bateau ? Nous allons le contourner et s’arrêter
dans l’anse qui est probablement derrière. »
Willemsz n’avait toujours
pas dit un mot depuis qu’il était sur le pont. Il n’avait plus droit à la
parole en tant que condamné. De toute façon, parler aurait été inutile.
Le jugement avait été
rendu et c’était aujourd’hui l’application de la sentence.
Sa vie allait basculer dans
l’inconnu par cet abandon sur une terre australe dont on ignorait tout. Il
s’était imaginé un autre destin, fait d’ors et de femmes faciles, mais la
justice l’avait rattrapé. Dans le combat entre le bien et le mal, ce dernier
l’emportait rarement.
Le Den Haag dépassa le promontoire et s’engagea dans la grande baie
qui s’ouvrait devant lui et dans laquelle il allait être mis à la cape.
Le bosco annonça :
« Paré aux écoutes, et paré aux cargue points de hunier, capitaine ! »
Celui-ci se retourna vers le quartier-maître de la timonerie, et lança : « La
barre dessous ! »
Le
navire tourna rapidement et se mit face au vent. Il s’immobilisa un instant et
un autre ordre retentit : « Mouillez ! »
-3-
L’ancre libérée dévida
sa chaîne et vint lourdement frapper la surface de l’eau. Le voilier était
stoppé.
Le capitaine apostropha le
pauvre Janssen qui était resté dans les parages.
« Lieutenant, mettez
des hommes aux bossoirs et faîtes mettre un canot à couple… »
« Un couple, capitaine ?
Où ça ? »
Van Schendel se retint
d’exploser et reprit son explication : « Lieutenant. Vous
voyez la grosse barque, là, juste à côté de vous ? Vous la faîtes
descendre sur l’eau, non, pas avec vos petites mimines mais avec des palans,
puis vous l’attacherez au tangon de tribord. Vous savez ce qu’est un tangon,
lieutenant ? »
« Oui capitaine, je
crois savoir. » Répondit Janssen un peu froissé.
« Vous avez intérêt ! »
Cria le capitaine.
« Et dans cette grande
barque vous y mettrez six hommes en armes, douze rameurs, et le coffre destiné
au prisonnier ! Ah oui ! J’oubliais. Vous essaierez de ne pas
oublier sur le bateau, notre ami
Willemsz ! Il fait partie de la petite ballade !! »
Puis hurlant à gorge déployée : « Exécution !
Imbécile ! »
Le lieutenant salua et
tourna les talons pour exécuter les ordres.
Silencieux sur le pont, l’équipage
donnait par sa présence un petit air théâtral à la scène qui se jouait
devant lui.
L’abandon d’un marin était
une chose rare, et tout le monde voulait y assister.
La barque s’éloigna
lentement du Den Haag. Les rameurs tirèrent
encore un peu sur les avirons, pour s’approcher de la plage ou les vagues
finissaient en un léger clapot.
Van Schendel sauta sur le
sable et les matelots reçurent l’ordre de rester dans l’embarcation, prêts
à repartir bientôt.
Quatre soldats le suivirent
et se postèrent tout en haut de la plage pour une protection.
Les deux autres soldats
surveillaient le prisonnier qui dut descendre et porter le coffre en bois que le
capitaine avait préparé à son intention.
Il s’agissait d’objets
divers comme des perles, des jouets de bois peints, des miroirs, des cloches et
des couteaux.
Van Schendel s’adressa au
condamné : « Ces objets ont eu un succès certain auprès des
Noirs du Cap. Vous vous en servirez pour faire des cadeaux aux sauvages si vous
en rencontrez, pour les amadouer. Ils ne doivent jamais avoir vu d’homme
blanc, comme ils ne doivent pas connaître ce genre d’objets. Distribuez les
avec parcimonie. Faîtes les durer le plus longtemps possible car c’est peut-être
une chance de survie pour vous. »
Willemsz répondit avec
rudesse : « Quoi ? C’est tout ce que vous me laissez ?
Il me faudrait des armes et des cartouches… »
« Pas question ! »
L’interrompit Van Schendel .
« Ce que je fais là,
je ne suis pas obligé de le faire. Alors estimez-vous déjà heureux de ce que
l’on vous offre ! Vous êtes là pour expier vos fautes, et je pense que
tout le restant de votre vie n’y suffira pas !»
Il fit quelques pas de long
en large pour se calmer, car il sentait la colère poindre en lui.
Il reprit : « Monsieur
Surinberg, le médecin du bord, vous a préparé quelque chose.
Cette
sacoche est pour vous. Elle contient de quoi vous maintenir en bonne santé
quelques temps et de quoi vous soigner en cas de blessure. Il a confectionné
tout spécialement un onguent asphalté qui soigne à peu près tout, de l’ulcère
au psoriasis. Pour éviter le scorbut, vous prendrez du malt scellé dans un
grand pot. Mais si vous trouvez des fruits et des légumes, économisez le. De
l’alcool et des pansements au cas ou. Ah oui ! La grenaille de plomb :
C’est en cas d’abcès ou de furoncle. Il vous faudra en sucer pendant
quelques jours pour les voir partir.
-4-
Voilà,
je sais que ce n’est pas grand-chose en regard de ce qui vous attend, mais en
y réfléchissant bien, en allant au fond des choses, je pense que cela vous
sortira de bien des situations. Le docteur vous souhaite bonne chance. »
Le capitaine déposa la
sacoche aux pieds du banni et rajouta : « Monsieur, on ne va pas
s’attarder plus longtemps. Nous allons profiter des vents qui sont là et qui
auront disparus avec l’arrivée de la nuit. Il ne faut pas non plus faire
attendre le Gouverneur des Indes, qui aura, je l’espère, préparé une réception
en mon honneur.
Avez-vous une dernière
volonté que je puisse satisfaire ? »
« Oui capitaine, répondit
Willemsz, je voudrais que vous fassiez parvenir cette lettre à la demoiselle
Zussie qui est à bord. »
Joignant le geste à la
parole, il sortit un papier qu’il avait glissé dans sa chemise.
Le capitaine le prit en
promettant de le remettre en mains propres. Puis il ajouta :
« Un dernier conseil
avant de partir : Surveillez bien la mer. Un jour peut-être un autre
bateau passera…Dieu vous a bien épargné une fois. Alors… Sur ce, j’ai
bien l’honneur. »
Et il repartit vers le
rivage en criant : « Soldats ! On embarque ! »
Les hommes en faction
coururent pour rejoindre l’embarcation qui déjà avançait sur l’eau.
« Attendez-nous ! »
Crièrent-ils…Ils étaient mouillés jusqu’à la taille et donnèrent leurs
mousquets aux matelots qui les aidèrent à se hisser à bord.
Willemsz regarda la barque
rejoindre le navire.
A bord du Den
Haag, on dirigeait déjà la manœuvre de départ.
« A larguer les
huniers ! » « Larguez la petite voile ! »
L’ancre fut à peine dérapée
et saisie, que déjà le voilier s’éloignait.
L’équipage occupé à déployer
la voilure ne s’occupait plus du marin abandonné.
Seul Van Schendel
l’observait avec la longue vue quand la jeune Zussie s’approcha.
« Ah ! Fit-il,
j’ai quelque chose à vous remettre de la part de votre protégé. »
La jeune fille prit la
lettre que lui tendait le capitaine, et lut à haute voix :
« Mademoiselle, pour
le geste insensé que j’ai commis, je paye le prix fort. Mais ces quelques
heures passées ensemble, furent pour moi les plus douces de mon existence.
Ces instants seront notre
secret. Plaise à Dieu qu’il soit préservé.
Votre jeunesse, votre beauté, votre sensualité, ont réveillés des
sentiments que je croyais avoir perdus à jamais ! Aujourd’hui je suis
amoureux ! Un myrmidon épris d’une étoile !
Pour votre intercession lors
de mon procès, je ne vous remercierai jamais assez, car j’étais dans une
telle impasse. A l’évidence, je crois que nous n’aurons plus de contact, et
c’est sans doute mieux. Sachez que votre souvenir me suivra toute ma vie. Et
si je dois mourir sur cette terre inconnue ce sera en prononçant votre
nom…Votre dévoué ; Willemsz »
Zussie en resta les bras
ballants.
C’est le capitaine qui
rompit le silence qui s’était installé entre eux.
« Voilà une lettre
bien compromettante pour quelqu’un de votre rang, Mademoiselle.
Si vous voulez un conseil, détruisez
la. »
Après quelques instants de
réflexion, elle parvint à lui dire : « Vous avez raison.
Donnez-moi votre briquet d’amadou. »
Le capitaine l’aida à
enflammer le papier qu’elle laissa tomber pour ne pas se brûler.
Puis elle se retourna et
partit en courant vers la descente de cabine.
Van Schendel éteignit le
feu en piétinant le billet et se baissa pour le ramasser. Il ne restait que
quelques bribes encore lisibles mais suffisamment énigmatiques pour l’intéresser.
Il le glissa dans la poche
de sa veste et reprit son observation du rivage à la lorgnette.
Un sourire diabolique éclairait
son visage. Il dit tout haut, se parlant à lui-même :
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