Retour à l'accueil                                                                                                                                                       Retour au concours 2005  

       Les autres nouvelles 2005                                                                                                                                                   Lire les avis des lecteurs

 

 

L'expiation

                                                                           par Martine Larbaig

                                                                             Lire du même auteur

 

Appelé par le sous-officier de quart, le capitaine Van Schendel monta sur le pont.

Encore tout ensommeillé par sa sieste quotidienne, l’air lui fit du bien.

Son navire, le Den Haag, un jacht  hollandais de la Compagnie des Indes orientales, naviguait bâbord amures ; Les voiles étaient bien établies, portantes et quand le vent s’engouffrait dans la mâture, on l’entendait siffler dans les agrès.

La première chose qu’il remarqua, fut la chaleur ; Le soleil tapait fort en ce mois de novembre 1629 à en faire suinter le brai qui jointait les planches du pont. Il s’en rendit compte quand il sentit les semelles de ses bottes de cuir coller légèrement au plancher.

La deuxième fut la proximité de la terre. Bon Dieu ! C’est vrai qu’on approchait !

Il appela son second : « Lieutenant Janssen ! »

« A vos ordres capitaine. »

«  Il faut ariser immédiatement ! Vous auriez du en prendre vous-même l’initiative, pour réduire notre vitesse ! Vous voulez que l’on percute la côte ou quoi ? »

« Mais…Capitaine, c’est vous qui… »

« Taisez-vous ! Vous ne faîtes pas votre travail ! Tança Van Schendel …Il faut prendre des ris, lieutenant ! Envoyez les hommes dans les enflêchures ! Et si la manœuvre ne va pas assez vite, vous irez vous-mêmes serrer les garcettes ! »

Janssen ne demanda pas son reste. Il craignait le capitaine et ses légendaires colères.

Il s’exécuta sans tarder, aboyant les ordres plus qu’il ne les donnait. Des cris, des jurons fusèrent à l’attention des gabiers qui étaient à la traîne.

Sur le pont, les marins s’activaient en tout sens ; Ils savaient ce qu’ils avaient à faire.

On eut dit une fourmilière dans laquelle on aurait mis un coup de bâton. Les hommes giclaient un par un des écoutilles en courant, chacun prenant une direction différente en sortant. Tous s’affairaient. Aucun ne parlait.

Seuls les officiers ou sous-officiers chargés de la manœuvre criaient : « Carguez la grand-voile ! » « Du monde aux bras ! » « Amenez les focs ! Vite ! »

En peu de temps le navire ralentit.

Le capitaine redonna des ordres à Janssen : « Nous allons mettre cap à l’est ! Préparez vous à virer lof pour lof, je vous prie ! »

Et quelques instants plus tard, le lieutenant put annoncer : « Paré à virer, capitaine ! »

« Allez ! » Fit Van Schendel.

On entendit alors les vergues craquer autour des mâts lorsqu’elles pivotèrent pour s’orienter. Le pont s’inclina un peu plus au moment de tourner pour se redresser presque à plat à la fin du virage. Le vent arrière n’était pas idéal pour un navire taillé pour la vitesse. Mais il donnait l’avantage de se laisser porter sans avoir à tirer des bords comme lorsqu’il fallait remonter au vent.

Ils restèrent à bonne distance de la côte, environ deux milles, pour naviguer en eaux profondes. Les vigies étaient à leur place et devaient tout signaler, les cartes de la région n’existant pas. C’était une des premières fois qu’un navire s’aventurait dans les parages, essayant d’ouvrir un nouvel itinéraire vers les Indes, bien plus au sud de la route habituelle. Mais le danger pouvait advenir à tout instant. Le moindre moutonnement au loin pouvait signaler la présence d’un écueil qui affleurait ; Le bois flottant était un péril pour un navire sans double coque : Les récifs coralliens pouvaient vous couler avec leurs aspérités tranchantes ou les bancs de sable vous échouer en moins de deux.

La terre qu’on voyait à tribord n’offrait pas un paysage remarquable : Des falaises dénudées avec des à-pics de plus de cinquante mètres.                                                                       -1-

A leur pied, des rochers éboulés empêchaient tout accostage.

L’équipage n’était plus occupé à la manœuvre et s’était retrouvé sur le pont à contempler cette « Terra Australis Incognita ». Il y en avait partout ! Sur les passavants, tout le long du bastingage et même sur le rouf qui menaçait de rompre sous le poids des hommes agglutinés. Les matelots voulaient tous la voir. Certains étaient montés sur les caronades au risque de glisser, d’autres, plus hardis, sur les barres traversières du mât de hune.

 «  Le voilà donc, ce continent rouge… » Dit tout haut Van Schendel …

Puis il s’adressa plus particulièrement à son second : « Savez-vous pourquoi, lieutenant, cette terre est appelée le continent rouge ? »

Janssen réfléchit un instant et répondit : « J’ai bien une idée, mais je ne la garantis pas.

… A cause des Indiens peut-être, »

Van Schendel le regarda, ahuri, et ajouta : « Celle-là, on ne me l’avait jamais faite !

Je vous prédis un grand avenir, Janssen. Une intuition, comme ça. »

« Merci mon capitaine »

« Ne me remerciez pas. Vous avez du mérite, et je trouve normal qu’il soit reconnu. Je pense qu’un jour vous deviendrez chef d’escadrille. Ça vous ira très bien. »

« C’est trop d’honneur, Monsieur…Dit Janssen en se gonflant un peu. C’est le premier compliment que vous me faîtes depuis que je suis à bord. Quant à mon avenir, je vous remercie de soutenir ma candidature. »

Van Schendel n’en croyait pas ses oreilles !

« Dîtes moi, lieutenant, vous êtes né comme ça ou vous êtes tombé du landau, tout petit ? 

On l’appelle continent rouge à cause de la couleur de sa terre argileuse, de l’ocre plein d’oxyde de fer qui rougeoie sous les rayons d’un soleil couchant. Vous me faîtes un drôle d’indien, tiens ! Filez à la cale et amenez moi le prisonnier Willemsz.

Et faîtes moi déguerpir tous ces gens. Je ne veux plus voir personne sur le pont sauf ceux qui y travaillent. »

L’arrivée de Willemsz  se fit dans la bousculade. Entravé par les fers qui gênaient sa marche, il était poussé pour avancer plus vite, par deux hommes en armes qui accompagnaient le lieutenant Janssen

Le prisonnier se plaignit qu’on lui faisait mal ajoutant qu’il n’y avait pas besoin de le bousculer comme ça.

Van Schendel  l’accueillit les bras ouverts comme s’il allait lui donner l’accolade.

« Bienvenue sur le pont, dit-il d’une voix tonitruante. J’ai pensé qu’un petit tour au soleil vous ferait du bien. J’ai eu raison n’est-ce pas ? Mais souriez donc, la vie est belle. »

Puis reprenant un ton plus bas : « Il m’a semblé entendre des plaintes quand vous êtes arrivé, et j’ai même cru comprendre qu’il s’agissait de maltraitance…Allons ! Allons !

Vous avez la mémoire courte. Dois-je vous rappeler tout ce que vous nous avez fait subir ? Oui ? Non ? Quelle idée de prendre notre unique passagère comme otage dans le seul but de vous emparer du navire ! Grave erreur ! Indigne du corsaire que vous vouliez être ! Une chance pour vous que vos camarades ne vous aient pas suivi dans cette aventure. Peut-être savaient-ils qu’il s’agissait de la propre fille du gouverneur des Indes qui venait rejoindre son père, notre chef à tous, le vénéré Monsieur Cohen. Et vous, vous ne le saviez pas ?

Pour votre geste, j’aurais pu vous faire pendre au mât d’artimon. Les lois maritimes qui nous régissent et dont je suis le garant, m’y autorisaient pour mutinerie. Mais la demoiselle, dans un élan de pitié que vous ne méritez pas est intervenue pour implorer ma clémence, et commuer votre peine capitale en simple bannissement. Si ce n’était le rang de son père  et mon désir de lui plaire, vous serviriez de festin aux mouettes, à cette heure ci !

                                                                                                                                  -2-

Je suis quand même heureux de voir qu’elle ait pu réussir à vous convaincre de vous rendre. Vous n’êtes pas qu’un imbécile, Willemsz, vous êtes aussi un tendre et un pleutre.»

Le prisonnier resta la tête baissée et ne répondit pas.

« C’est mieux ainsi ! » Continua Van Schendel  en reprenant une voix forte.

 « Tout est bien qui finit bien. Regardez ! »Dit-il en désignant la terre voisine

« C’est votre nouveau chez-vous ! Après ces quelques jours d’emprisonnement, vous aurez tout loisir pour vous dégourdir les jambes. Ce n’est pas la place qui manque !

Ce n’est pas non plus les voisins qui vont vous gêner, il n’y en a pas ! Sacré veinard !

Et puis qui sait, vous arriverez peut-être à attraper une chèvre sauvage ou deux…

Ça vous changera des catins vérolées que vous deviez payer dans les ports ! »

Il laissa passer un peu de temps avant de reprendre : « Nous allons vous débarquer un peu plus loin à l’est. Ici les rivages ne s’y prêtent pas. Vous verrez, c’est un pays formidable ! »

Puis il descendit dans le carré des officiers, laissant en plan le prisonnier, ses gardiens et Janssen. Ce dernier, toujours aussi pétri de jugeote et plein d’initiative, décida de ne rien décider. Ils restèrent donc là en plein soleil, à regarder le paysage qui défilait.

Ils purent remarquer qu’au fur et à mesure que le navire avançait, les falaises perdaient de la hauteur et que la végétation commençait à poindre çà et là. L’aridité du départ avait fait place à quelques buissons et à de l’herbe. Puis, de grands arbres au feuillage gris vert apparurent, qu’ils ne surent pas reconnaître à cause de l’écorce qui avait un aspect marbré. Personne n’avait encore vu d’eucalyptus, manifestement.

Puis la végétation devînt plus dense et les essences plus variées. Ils virent même des cocoteraies s’avancer jusque dans la mer et des manguiers gigantesques obstruant la vision vers l’intérieur des terres.

Les oiseaux également différaient. Des perroquets multicolores voletaient au dessus des arbres à la recherche de quelque fruit mûr, dérangeant en cela les aigrettes blanches qui se balançaient sur les branches sommitales. Aux abords d’une mangrove, ils aperçurent des pélicans qui rasaient les flots à la recherche des bancs de poissons.

Le rivage s’était modifié aussi. Au mur de rochers avaient succédé des collines puis des plages de sable blanc. Les criques n’étaient toujours pas accessibles car l’océan s’y engouffrait sans retenue pour venir y mourir en longues déferlantes.

Vers 17 heures, le capitaine remonta sur le pont. Il ne s’étonna pas de retrouver Janssen au même endroit et dans la même posture qu’il l’avait laissé.

« Lieutenant, je vous fais envoyer le maître charpentier pour ôter les fers de ce vaurien. »

Van Schendel s’adressa au prisonnier : « Nous arrivons à destination, tenez vous prêt.

Vous voyez ce promontoire de rochers à l’avant du bateau ? Nous allons le contourner et s’arrêter dans l’anse qui est probablement derrière. »

Willemsz n’avait toujours pas dit un mot depuis qu’il était sur le pont. Il n’avait plus droit à la parole en tant que condamné. De toute façon, parler aurait été inutile.

Le jugement avait été rendu et c’était aujourd’hui l’application de la sentence.

Sa vie allait basculer dans l’inconnu par cet abandon sur une terre australe dont on ignorait tout. Il s’était imaginé un autre destin, fait d’ors et de femmes faciles, mais la justice l’avait rattrapé. Dans le combat entre le bien et le mal, ce dernier l’emportait rarement.

Le Den Haag dépassa le promontoire et s’engagea dans la grande baie qui s’ouvrait devant lui et dans laquelle il allait être mis à la cape.

Le bosco annonça : « Paré aux écoutes, et paré aux cargue points de hunier, capitaine ! »

Celui-ci se retourna vers le quartier-maître de la timonerie, et lança : « La barre dessous ! »

Le navire tourna rapidement et se mit face au vent. Il s’immobilisa un instant et un autre ordre retentit : « Mouillez ! »                                                                                                -3-

L’ancre libérée dévida sa chaîne et vint lourdement frapper la surface de l’eau. Le voilier était stoppé.

Le capitaine apostropha le pauvre Janssen qui était resté dans les parages.

« Lieutenant, mettez des hommes aux bossoirs et faîtes mettre un canot à couple… »

« Un couple, capitaine ? Où ça ? »

Van Schendel se retint d’exploser et reprit son explication : « Lieutenant. Vous voyez la grosse barque, là, juste à côté de vous ? Vous la faîtes descendre sur l’eau, non, pas avec vos petites mimines mais avec des palans, puis vous l’attacherez au tangon de tribord. Vous savez ce qu’est un tangon, lieutenant ? »

« Oui capitaine, je crois savoir. » Répondit Janssen un peu froissé.

« Vous avez intérêt ! » Cria le capitaine.

« Et dans cette grande barque vous y mettrez six hommes en armes, douze rameurs, et le coffre destiné au prisonnier ! Ah oui ! J’oubliais. Vous essaierez de ne pas oublier sur le bateau, notre ami Willemsz ! Il fait partie de la petite ballade !! »

Puis hurlant à gorge déployée : « Exécution ! Imbécile ! »

Le lieutenant salua et tourna les talons pour exécuter les ordres.

Silencieux sur le pont, l’équipage donnait par sa présence un petit air théâtral à la scène qui se jouait devant lui.

L’abandon d’un marin était une chose rare, et tout le monde voulait y assister.

La barque s’éloigna lentement du Den Haag. Les rameurs tirèrent encore un peu sur les avirons, pour s’approcher de la plage ou les vagues finissaient en un léger clapot.

Van Schendel sauta sur le sable et les matelots reçurent l’ordre de rester dans l’embarcation, prêts à repartir bientôt.

Quatre soldats le suivirent et se postèrent tout en haut de la plage pour une protection.

Les deux autres soldats surveillaient le prisonnier qui dut descendre et porter le coffre en bois que le capitaine avait préparé à son intention.

Il s’agissait d’objets divers comme des perles, des jouets de bois peints, des miroirs, des cloches et des couteaux.

Van Schendel s’adressa au condamné : « Ces objets ont eu un succès certain auprès des Noirs du Cap. Vous vous en servirez pour faire des cadeaux aux sauvages si vous en rencontrez, pour les amadouer. Ils ne doivent jamais avoir vu d’homme blanc, comme ils ne doivent pas connaître ce genre d’objets. Distribuez les avec parcimonie. Faîtes les durer le plus longtemps possible car c’est peut-être une chance de survie pour vous. »

Willemsz répondit avec rudesse : « Quoi ? C’est tout ce que vous me laissez ? Il me faudrait des armes et des cartouches… »

« Pas question ! » L’interrompit Van Schendel .

« Ce que je fais là, je ne suis pas obligé de le faire. Alors estimez-vous déjà heureux de ce que l’on vous offre ! Vous êtes là pour expier vos fautes, et je pense que tout le restant de votre vie n’y suffira pas !»

Il fit quelques pas de long en large pour se calmer, car il sentait la colère poindre en lui.

Il reprit : « Monsieur Surinberg, le médecin du bord, vous a préparé quelque chose. 

Cette sacoche est pour vous. Elle contient de quoi vous maintenir en bonne santé quelques temps et de quoi vous soigner en cas de blessure. Il a confectionné tout spécialement un onguent asphalté qui soigne à peu près tout, de l’ulcère au psoriasis. Pour éviter le scorbut, vous prendrez du malt scellé dans un grand pot. Mais si vous trouvez des fruits et des légumes, économisez le. De l’alcool et des pansements au cas ou. Ah oui ! La grenaille de plomb : C’est en cas d’abcès ou de furoncle. Il vous faudra en sucer pendant quelques jours pour les voir partir.                                          -4-

 Voilà, je sais que ce n’est pas grand-chose en regard de ce qui vous attend, mais en y réfléchissant bien, en allant au fond des choses, je pense que cela vous sortira de bien des situations. Le docteur vous souhaite bonne chance. »

Le capitaine déposa la sacoche aux pieds du banni et rajouta : « Monsieur, on ne va pas s’attarder plus longtemps. Nous allons profiter des vents qui sont là et qui auront disparus avec l’arrivée de la nuit. Il ne faut pas non plus faire attendre le Gouverneur des Indes, qui aura, je l’espère, préparé une réception en mon honneur.

Avez-vous une dernière volonté que je puisse satisfaire ? »

« Oui capitaine, répondit Willemsz, je voudrais que vous fassiez parvenir cette lettre à la demoiselle Zussie qui est à bord. »

Joignant le geste à la parole, il sortit un papier qu’il avait glissé dans sa chemise.

Le capitaine le prit en promettant de le remettre en mains propres. Puis il ajouta :

« Un dernier conseil avant de partir : Surveillez bien la mer. Un jour peut-être un autre bateau passera…Dieu vous a bien épargné une fois. Alors… Sur ce, j’ai bien l’honneur. »

Et il repartit vers le rivage en criant : « Soldats ! On embarque ! »

Les hommes en faction coururent pour rejoindre l’embarcation qui déjà avançait sur l’eau.

« Attendez-nous ! » Crièrent-ils…Ils étaient mouillés jusqu’à la taille et donnèrent leurs mousquets aux matelots qui les aidèrent à se hisser à bord.

Willemsz regarda la barque rejoindre le navire.

A bord du Den Haag, on dirigeait déjà la manœuvre de départ.

« A larguer les huniers ! » «  Larguez la petite voile ! »

L’ancre fut à peine dérapée et saisie, que déjà le voilier s’éloignait.

L’équipage occupé à déployer la voilure ne s’occupait plus du marin abandonné.

Seul Van Schendel l’observait avec la longue vue quand la jeune Zussie s’approcha.

« Ah ! Fit-il, j’ai quelque chose à vous remettre de la part de votre protégé. »

La jeune fille prit la lettre que lui tendait le capitaine, et lut à haute voix :

« Mademoiselle, pour le geste insensé que j’ai commis, je paye le prix fort. Mais ces quelques heures passées ensemble, furent pour moi les plus douces de mon existence.

Ces instants seront notre secret. Plaise à Dieu qu’il soit préservé.  Votre jeunesse, votre beauté, votre sensualité, ont réveillés des sentiments que je croyais avoir perdus à jamais ! Aujourd’hui je suis amoureux ! Un myrmidon épris d’une étoile !

Pour votre intercession lors de mon procès, je ne vous remercierai jamais assez, car j’étais dans une telle impasse. A l’évidence, je crois que nous n’aurons plus de contact, et c’est sans doute mieux. Sachez que votre souvenir me suivra toute ma vie. Et si je dois mourir sur cette terre inconnue ce sera en prononçant votre nom…Votre dévoué ; Willemsz »

Zussie en resta les bras ballants.

C’est le capitaine qui rompit le silence qui s’était installé entre eux.

« Voilà une lettre bien compromettante pour quelqu’un de votre rang, Mademoiselle.

Si vous voulez un conseil, détruisez la. »

Après quelques instants de réflexion, elle parvint à lui dire : « Vous avez raison. Donnez-moi votre briquet d’amadou. »

Le capitaine l’aida à enflammer le papier qu’elle laissa tomber pour ne pas se brûler.

Puis elle se retourna et partit en courant vers la descente de cabine.

Van Schendel éteignit le feu en piétinant le billet et se baissa pour le ramasser. Il ne restait que quelques bribes encore lisibles mais suffisamment énigmatiques pour l’intéresser.

Il le glissa dans la poche de sa veste et reprit son observation du rivage à la lorgnette.

Un sourire diabolique éclairait son visage. Il dit tout haut, se parlant à lui-même :

« On ne sait jamais ! Ça pourra un jour me servir… »    

 

Lire du même auteur :"Le jour de la St-Valentin" Concours 2004

 

Retour à l'accueil                                                                                                                                                       Retour au concours 2005  

       Les autres nouvelles 2005                                                                                                                                                   Lire les avis des lecteurs