"Aux conjoints du monde entier"
par Christian Malosse
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Les autres nouvelles 2004 (lire du même auteur "Le stérilet de Mattieu" 5ème prix 2003) (voir aussi dans "Aux frontières du concours")
Bonsoir mon amour, la journée n’a pas été trop dure ? Tant mieux,
assieds-toi, j’ai besoin de toute ton attention pendant quelques minutes.
C’est bon, tu m’écoutes ? Merci.
Voilà…ça faisait déjà quelques temps déjà que je voulais t’en parler
mais je n’avais pas eu vraiment l’occasion ni le courage.
Je n’y croyais pas vraiment moi-même et puis c’est devenu plus sérieux
entre…elle et moi.
Nous avons sympathisé au boulot ; elle venait nous démarcher pour des
stages en entreprise.
Nos regards se sont croisés et l’envie est arrivée.
Elle sort d’une déception sentimentale et notre couple n’est pas vraiment
flambant depuis quelques mois.
C’est ma faute d’ailleurs, j’assume ma part de responsabilités sans
contestation possible.
Je ne sais pas ou plu te donner du plaisir comme avant, comme quand nous étions
jeunes et plein de sève et d’élan l’un pour l’autre. Ah que c’était
bien. Tu me faisais…waouh tu te rappelles ?! Bref.
Nos étreintes ne sont plus ce qu’elles étaient, elles sont plus distantes,
un peu trop « devoir conjugal à assumer ». Nos vies se séparent
lentement.
Heureusement, les enfants sont là pour garder les liens affectifs entre nous.
Mais ce n’est plus suffisant. Je m’ennuie, il me manque quelque chose.
Ce « quelque chose » qui donne du piment à la vie. Bref, j’ai
envie de vibrer à nouveau, de ressentir une nouvelle passion.
J’ai ressayé avec toi mais…toi aussi tu as du mal.
Avec Annie, c’est différent. Tout de suite ça a été le coup de foudre…
Mais tu pleures ? Tu es trop sensible, ça m’a toujours plu chez toi.
Attends, je vais te chercher un verre d’eau.
Là, ça va
mieux ?
Bon je continue. Où en étions-nous ? Ah oui, le coup de foudre avec
Annie.
C’est un joli prénom, tu ne trouves pas ?
Donc la joie d’être ensemble, le bonheur de partager…
Tu sais ce séminaire à Annecy, au grand hôtel Impérial. C’était du bidon.
En fait, ce fut notre 1ère escapade amoureuse.
Depuis, une à deux fois par semaine, nous nous retrouvons tantôt chez elle,
tantôt ici pendant mes RTT et que tu travailles.
Mais c’est moins pratique et plus risqué à cause des 2 grands qui pourraient
rentrer du collège ou du lycée si un professeur était absent. Qu’est-ce
qu’ils diraient ?
Donc, c’est plus souvent chez elle. Elle habite seule un bel appartement rue
Colin.
C’est facile pour elle, elle dit qu’elle est en clientèle.
Son ancien amant est un instituteur qui habite la même rue. Il prétextait
l’USEP auprès de sa femme à l’époque où ils se fréquentaient, quelle
imagination ! Enfin…
Je comprends que ça te fasse un choc mais Annie est vraiment merveilleuse.
Si tu la connaissais, elle te plairait aussi, certainement. Ah les femmes !
Mais je préfère que tu ne la rencontres pas encore. C’est mieux ainsi, plus
tard, peut-être ?
Tu veux faire une pause ? Oui, je comprends, respire profondément ça détend.
Ouf, moi ça va mieux. Le plus dur était de commencer à t’en parler.
Maintenant ça sort tout seul.
Bon pendant que l’on y est : le divorce.
Je prends tout à ma charge bien sûr, c’est la moindre des choses.
Je te verserai une pension pour les enfants. Tu en auras la garde, c’est mieux
ainsi, d’ailleurs tu es beaucoup plus apte que moi pour t’en occuper.
Depuis leur naissance, c’est comme ça et puis c’est toi qu’ils préfèrent,
alors…
Donc tu gardes l’appartement, les meubles, les bibelots…je prendrai juste
mes affaires, ce n’est pas ta taille !!
Allez rigole ou souris au moins, non ? Bon. Euh, j’emmènerai aussi ma
collection de bandes dessinées et mon radio-réveil, le tien est mieux et plus
récent.
Je n’ai pas besoin de grand-chose en fait, je vais m’installer chez Annie,
tu t’en doutes. Elle a tout ce qu’il faut. Vraiment tout quand j’y
pense…un physique !! Mamma mia.
Excuse-moi de t’en parler mais je ne peux pas résister.
La 1ère fois que je l’ai vue nue, j’ai sifflé tellement elle
est belle…un corps :
Des seins splendides et pas du toc ou du siliconé, du 100 % naturel ;
Un cul superbe sous une taille bien marquée et presque pas de vergetures pour
son âge : elle approche de la quarantaine.
De belles jambes bien fuselées, elle s’entretient bien : sportive mais
pas trop, très féminine.
Quand nous faisons « le petit pont de bois » à l’équilibre précaire
mais cher à Duteil, le « reviens à la maison » amusant non ?
, « la pause normande » ou « l’hélicoptère » avec
ses jambes qui font les pales…ça décoiffe ! « Mai 68 sur les
barricades », « la chandelle qui claque », « le croque
moelleux », « la tarentule » : quand délicatement son
pied gauche passe par-dessus mon épaule droite et viens me chatouiller
l’oreille opposée dans un doux et langoureux murmure ou « le challenge
du millénaire »…dur celui-là, non ne cherche pas, on ne l’a jamais
fait !
C’est ce jour-là que j’ai cassé la chaise de grand-mère. C’est gentil
d’avoir cru que j’avais voulu changer une ampoule…« Le millefeuille »
avant « l’omelette espagnole », « la javanaise » toi
qui aime tant Gainsbourg, « le
ventilateur » pour s’aérer un peu et que son souffle chaud et sensuel
arrive sur ma nuque humide et sensible, « picotti, grignotti » ou
« le sphinx »…Ah l’Égypte, toute une passion torride !
Mais non je ne fais pas de comparaison, tout de suite…mais quand même.
N’empêche qu’il y a de l’ambiance, merci l’insonorisation car Annie a
une voix qui porte.
Toutes ces positions ça t’étonne hein ?
Que veux-tu il faut bien innover et s’ouvrir de nouveaux horizons…
Je ne te cache pas qu’il faut la santé, beaucoup d’endurance et que dans
certains cas un godemiché de bonne qualité est nécessaire. Il en existe de
toutes sortes et de toutes formes : simple, double, rose, noir, doux, râpeux,
électrique ou en forme de cactus. J’ai acheté (eh oui c’était soi-disant
mes frais du fameux séminaire qui n’ont jamais pu être remboursés…),
j’ai donc acheté le bleuté avec l’ampoule incorporée : l’effet est
saisissant !
Mais je cause, je cause et l’heure tourne.
Bon, je vais y aller. C’est bon tu leur expliqueras ?
A qui ? Mais aux enfants voyons ! Tu le feras mieux que moi. Et à ta
mère aussi, sinon elle va encore dire que c’est de ma faute.
Allez je te laisse, je n’ai pas envie qu’ils me voient ici avec toi les
larmes aux yeux.
On se fait la bise ? Autant rester amis car nous allons nous revoir souvent
quand je viendrai les prendre pour le week-end. On pourrait commencer dès ce
samedi, qu’en penses-tu ?
Et pourtant elle ferait sûrement une excellente mère : ce qu’elle peut
gâter son neveu et sa nièce…à peine croyable.
Donc tu vois ne t’inquiète pas, tu pourras nous les confier sans problème.
Et c’est ainsi que Sophie embrassa son mari encore sous le choc et qu’elle
quitta la demeure familiale pour s’installer avec Annie.
(lire du même auteur "Le stérilet de Mattieu" 5ème prix 2003)
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