La bouteille à la mer  Par Jean-Claude  Garnung  3ème Prix

 

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    Le type même de la vieille mairie de province, sortie tout droit de son dix-neuvième siècle. Direction des ressources humaines. Ah, tiens, la direction est dans cette direction. Suis-je drôle ! Là-bas, au fond du couloir, dernière porte à droite. Le néon blanc suspendu qui se balance au courant d¹air à chaque ouverture de porte apparaît comme incongru dans ce décor qui sent son Louis-Philippe à plein nez.
Eh bien, il est dit que je ne serai pas tout seul, si j’en juge par la dizaine de personnes qui font la queue devant le bureau. Somme toute, c¹est plutôt réconfortant. Ça prouve qu¹il faut parfois une bonne catastrophe pour sortir les français de leur égoïsme pantouflard. Quelques-uns, on les imaginerait plutôt exerçant leur retraite devant leur télé, mais quand même, beaucoup de jeunes. Je me demande combien il y en a qui pointent en ce moment à l’ANPE ? Et, ô surprise, plusieurs femmes ! Savent-elles bien que ce travail va être dur, monotone, toujours faire et refaire, qu’il n¹est pas sans risque, et surtout que ce sera dégueulasse d’aller ramasser cette merde sur les plages ?
Devant moi, cette fille qui me tourne le dos et dont je ne distingue que de longues mèches blondes qui ont sûrement emmagasiné tout le soleil de l’été. Qu¹est-ce qu¹elle vient faire là ? Elle n’a rien de ces descendantes de Boïates, matinées d’Ibères, que l¹on trouve en général par ici. Elle se retourne, me sourit. On dirait qu’elle a saisi mon interrogation.
‹ Vous croyez que ce sera long ?
‹ Je ne crois pas. On passe deux par deux et le questionnaire n¹a quand même rien d¹un entretien d¹embauche.
‹ Tout de même, qui m¹aurait dit que je viendrais à la plage en plein mois de janvier ?
‹ Attention, en ce moment, le string risque de n¹être pas assez chaud.
Charmante, la fille. Et en plus, l’endroit vaut bien l’envers.
En effet, sans y penser, me voici presque au bout du couloir. A travers la porte entr’ouverte, j’aperçois les deux employés municipaux qui cochent méthodiquement des cases sur le questionnaire que chaque volontaire vient leur remettre : votre taille, disponibilité, certificat médical...
Les deux files se libèrent en même temps et je me retrouve à côté de la blonde. Je m’amuse à suivre son dialogue tout en répondant aux questions que me pose la secrétaire.
‹ Profession ?
Tandis que je me dévoile à regret comme journaliste, j’entends la réponse toute proche : ornithologue.
‹ Votre adresse sur place ?
Comme dans un duo d’opérette, nos réponses fusent a capella : Hôtel de la Plage.
Elle me regarde. Elle a un temps de surprise, et nous échangeons sur-le-champ nos sourires complices. Désormais, j’en oublie presque la fonctionnaire blasée qui me fait face et je n¹ai plus d’oreille que pour ma voisine. L’employé qui s’occupe d¹elle m’apparaît nettement plus perspicace que sa collègue.
‹ Vous a-t-on dit que le règlement prévoyait que tous les personnels affectés au nettoyage des plages devaient, par mesure d’hygiène, présenter des cheveux courts, dix centimètres maximum, pour que rien ne dépasse de la capuche du survêtement.
Je regarde ma jolie blonde et j’imagine aussitôt la destruction sauvage de cette chevelure opulente. Comment va-t-elle réagir ?
‹ C’est bon, je me conformerai au règlement.
Elle fuit mon regard pendant tout le moment où, ensemble, nous sortons du bureau et nous éloignons vers la sortie
Sur le perron de la mairie, comme nous hésitons tous les deux un instant, je me décide à tenter ma chance.
‹ Puisque le hasard a voulu que nos carrières se rejoignent..., et que nos résidences arcachonnaises soient voisines, puis-je vous offrir une bière quelque part par là ?
‹ Je ne dis pas non, mais peut-être avez-vous entendu la consigne : je dois, avant demain matin, avoir adopté la coiffure règlementaire du bénévole de base. Le coiffeur primera donc sur le cafetier.
‹ Après tout, pourquoi pas ? Un rafraîchissement de ma coupe me fera tout autant de bien que celui de ma soif, n’est-ce pas ? Puis-je vous accompagner ?
Son sourire vaut acquiescement et nous voici descendant lentement les marches tout en promenant nos regards inquisiteurs autour de la place. C’est tout de même étrange. Je suis rentré là, fataliste, accablé, embarqué dans ce volontariat sans la moindre volonté, incapable d¹assumer la rupture. Quoi ? Une femme me quitte, et c’est la fin du monde ? Orgueil blessé ou peine profonde, allez savoir ! Vais-je pouvoir revivre ?
Est-ce la chance ou bien alors un signe complice de mon ange gardien ? Le salon de coiffure qui est au carrefour des deux avenues est justement vide. L’employée est en train de balayer autour des sièges les moissons précédentes et nous prenons place l’un à côté de l’autre.
La conversation, tout naturellement, s’engage sur les évènements qui viennent de frapper la petite station balnéaire.
‹ Combien de temps cette menace de marée noire va-t-elle durer ? Les huîtres vont-elles en souffrir ? Et les plages ? Le maire a fait poser des barrières tout le long de la promenade avec interdiction d’y accéder. Pourra-t-on seulement se baigner cet été ? En tout cas, je sais bien que les estivants annulent tous leurs réservations de camping. Et même chez nous, regardez, on dirait que la pollution est entrée jusque dans ce salon. On ne voit presque plus personne.
Je me refuse à entretenir ce genre de propos d¹une banalité déconcertante. Les mots traversent mon esprit comme dans un rêve. Je regarde le doux tapis doré qui commence à s’étaler à côté de moi. Comment penser à la moindre pollution devant la pureté de ces longues mèches blondes ? Au moment où la coiffeuse s’éloigne pour brancher le séchoir à cheveux, je me penche pour saisir quelques boucles. Je les fais rouler entre les doigts, d¹un air méditatif, et, avec la promptitude d’un voleur à la tire, je les glisse dans l’une de mes poches.
Nos regards se croisent maintenant dans l’immense glace du salon. Ses yeux verts viennent de prendre soudain une étonnante intensité dans un visage libéré de son encadrement. Je lis son interrogation secrète : comment me trouve-t-il maintenant ? Je lui souris. Elle est rassurée. Elle a gagné la première manche.
‹ Vous allez m’excuser, dit-elle, mais j’ai encore quelques achats à faire pour mon séjour ici. Nous nous revoyons demain, bien sûr ?
Tu penses ! Mon reportage vient de trouver tout d’un coup son fil rouge. Merci, mon journal, de m’avoir offert cette chance inespérée.

                                                                       *

Tout au bout du port de plaisance, un Algeco, le lieu de rendez-vous des bénévoles. Briefing du responsable de la protection civile, distribution des équipements. Rien de plus que ce que la télé nous donne à voir depuis quelques jours, et pourtant, je me regarde, surpris de me voir dans cet habillage technicolor, gants rouges, bottes vertes, lunettes sombres, le tout encadrant la fameuse combinaison en papier blanc. Je me fais l’effet d’un vieux goéland, à ceci près que je pourrais toujours battre des ailes, je serai loin de pouvoir m’envoler.
C¹est alors que je la retrouve. Elle arrive en courant -sans doute la crainte d’être en retard- je lui fais un petit signe de reconnaissance et je m’avance pour la guider dans le dédale des formalités de départ. Je cherche en moi-même le souvenir de ce visage baigné de longues vagues blondes dont j’ai gardé une mèche secrète au fond d’une poche.
‹ Nettoyage ? Oiseaux ? Ou bien manutentions ? Vous avez à choisir l’une de ces trois affectations.
‹ Oiseaux, bien sûr, sans aucune hésitation. Je suis venu pour eux, c’est d’ailleurs mon métier.
‹ Acceptez-vous que je vous accompagne ? Bien que je n‘aie aucun don particulier pour ce genre de plume ?
‹ Bien sûr. Je vous expliquerai tout. Mais vous m’avez l’air d’un drôle d’oiseau. De quelle race ?
‹ Je suis Martin...martin-pêcheur...
‹ Moi, je suis Mouette.
De chaque côté de la traque, les bateaux ont commencé à embarquer leurs passagers. De drôles de touristes pour de drôles de promenades. Certaines vedettes sont uniformément garnies de silhouettes blanches, tandis que d’autres sont entièrement aux couleurs de camouflage de l’armée. Sans doute les militaires appelés en renfort de la base aérienne voisine.
Avant d’accéder à la passerelle, il nous faut encore passer devant une petite table surmontée d¹une pancarte « Prophylaxie ». Deux jeunes femmes offrent à chacun un gobelet d’eau accompagné de deux grosses pilules blanches.
‹ Par sécurité, nous vous demandons de bien vouloir respecter ces précautions importantes : deux cachets de cet antidote. De l’hyposulfite de sodium et du charbon, pour le cas où la nappe de pétrole serait plus toxique que prévu. On ne sait jamais. Un cachet à prendre tout de suite, l’autre ce soir, avant le dîner. Nous vous souhaitons une agréable traversée.
Sortie du port, la vedette longe longuement le front de mer, le vieux Casino de la Plage, les quelques rares villas qui ont survécu à l’urbanisation sauvage. Au bout des jetées, un instant revenus de leur surprise, les pêcheurs à la ligne nous lancent quelques signes amicaux. Bientôt, c’est l’énorme dune du Pilat qui sert de balise à notre odyssée. Le scintillement du soleil sur cette magnifique masse de sable qui s’obstine à ignorer nos misérables souillures me donne à penser que rien n’est perdu et que la nature sera toujours plus raisonnable et plus forte que l’homme.
Quand nous débarquons sur le banc d’Arguin, si ce n’était la présence insolite en ce lieu de tracteurs avec remorques, de grosses poubelles et de bennes à ordures, le miroitement argenté des eaux de l’Océan qui poussent leur curiosité jusqu’à entrer et venir caresser furtivement les plages du Bassin laisserait encore penser à quelque lointain atoll polynésien. Mais la Polynésie elle-même est-elle à jamais à l’abri de nos hydrocarbures ?
‹ Voici, Mouette. C’était ici le paradis terrestre. A nous maintenant de lui faire retrouver toute sa pureté initiale.
Je ne peux m’empêcher de laisser couler entre mes doigts une poignée de ce sable encore immaculé. La ressemblance avec la mèche blonde de ma compagne s’impose aussitôt à mes pensées. Pourtant, de l’autre côté du banc, à l’endroit même où le flux vient ronger inlassablement le rivage, ça et là disséminées, quelques tâches noirâtres en chapelets ne laissent plus aucun doute sur la réalité de la pollution. J’écoute encore un instant le vent se jouer de ma tenue d’emballage et composer ainsi une sorte de mélopée pour papier froissé. Tandis qu’une escouade de râteaux et de fourches se met en route derrière la cribleuse, je pars de mon côté rejoindre la petite équipe qui s’organise pour le sauvetage des oiseaux mazoutés dont on vient de signaler la présence sur le banc.
Je comprends tout de suite que la Mouette vient de prendre la direction des opérations. Si beaucoup de matériel a été amené sur ce site insolite, ils sont manifestement peu nombreux ceux qui en connaissent le mode d’emploi, et la présence d’une ornithologue est évidemment une garantie inappréciable d’efficacité.
‹ Nous devons nous préoccuper de récupérer aussi vite que possible tous les oiseaux, de toute espèce, qui présentent des signes manifestes de mazoutage : incapacité à voler, défaut de flottabilité et par conséquent perte d’isolation. Nous avons là des cartons ventilés où il faudra venir les installer au chaud, au milieu de linges, de journaux, de tout ce dont nous pourrons disposer. Si vous le voulez, je vous propose d’assurer moi-même ce gardiennage qui est essentiel pour le sauvetage de ces oiseaux. En même temps, je pourrais établir les fiches de capture pour le suivi des soins dans l’unité mobile de secours ?
‹ Et les oiseaux morts ?
‹ Il faut les ramasser aussi. Nous devrons les adresser au Centre de soins. Pour analyse, bien sûr, mais aussi hélas, pour tenir la macabre comptabilité de cette catastrophe.
Je ne peux détacher mon regard de cette fille superbe dont, à cet instant, toute la volonté reste tendue vers ce seul sauvetage. Et moi, je me sens infiniment paumé. J’aurais tellement besoin, moi aussi, d’être recueilli, gardé au chaud, réhydraté. Et si ce reportage n’était pour moi rien d¹autre qu’une fuite de plus, la recherche désespérée d’un « ailleurs », une tentative d’oublier que j’ai perdu tous mes repères avec cette femme qui vient de me quitter.
Mais déjà, à quelques mètres de là, sur la plage, des cris, des interpellations, de l’agitation. On amène un cormoran tout englué de naphte. Il agite en vain ses grandes ailes noires, darde de coups de becs désespérés les gants du type qui le conduit hâtivement vers le poste de secours. Mouette le recueille avec précaution, elle lui parle comme pour l’apaiser, lui couvre la tête d’un linge humide, lui organise une litière de journaux froissés. Ô vanité de notre prétention de journaliste à laisser chaque jour des écrits pour la postérité ! Et si j’étais moi-même ce cormoran que tous ont à coeur de sauver ?
Le brouhaha des moteurs des tractopelles, le va-et-vient des bennes qui apportent leur mélange de branchages mazoutés, de débris visqueux de toutes sortes, avec parfois une étiquette en espagnol, sinistre cadeau des courants du Golfe, à moins qu’il ne s’agisse d’un dernier « S.O.S - bouteille à la mer » venu d¹une Galice en train de sombrer. Pas un seul bénévole qui ne s’active pour réparer l’irréparable, toucher le fond de l’insondable. Les combinaisons blanches sont maculées de partout. Et comment sortir un mouchoir de sa poche, comment allumer une cigarette ou, tout simplement, comment aller pisser ?
Je suis revenu sans cesse vers ma Mouette, avec mon lot de sternes, de fous de bassan, de grèbes. La souffrance, la vie fragile, la mort aussi. Elle prend les températures, annote consciencieusement chaque fiche. Son visage est tendu, mais elle me regarde au fond de l’âme et elle me rassure. Un lot de cartons remplis d’oiseaux qui vont repartir par le bateau, et la voilà qui arrache un morceau de journal pour y inscrire des consignes pour le Centre de soins : « 43 / 24 »
‹ 43, c’est la température qu¹il faudra leur assurer pendant 24 heures pour éviter l’hypothermie, pour qu¹ils puissent retrouver une certaine isolation du plumage et leur flottabilité.
Elle griffonne ensuite au feutre rouge ses initiales : M.T. Décidément, ma Mouette est une femme responsable.

                                                                       *
Un gros soleil couleur framboise tombe peu à peu à l’aplomb du vieux sémaphore du Cap. Le bateau longe la côte du retour tandis que s’allument les uns après les autres les feux de la ville. Tout en haut, la ville haute, celle des origines, et dont les lumières vacillantes ressemblent aux bougies d’anniversaire de quelque centenaire accrochée à la vie : «  Oh, s’il vous plait, encore un an de plus ! »
Les capuches ont basculé en arrière, les gants maculés jetés à la poubelle, la vie retrouve ses gestes habituels, le menton qui gratte, le nez qui coule, toutes les paroles du quotidien, ouf ! Ça va mieux maintenant, que c’est beau là-bas. Mouette, tout naturellement, a laissé tomber sa tête sur mon épaule. Je lui prends la main. Elle se laisse faire. Je vois peut-être le bout du tunnel.
Au fond de ma poche, étroitement mêlés dans un espoir retrouvé, les grains de sable du banc d’Arguin et les cheveux de ma Mouette.
‹ Je vous retrouve après la douche ?
Elle a posé la question sans la moindre hésitation. Et si le bonheur, c¹était simplement ça ?

Si c’était de pouvoir être spontané, de rire sans pudeur, de parler sans gêne, d’aimer sans retenue ?
Quand je la rejoins au bar de l’hôtel, c¹est son regard qui me guide vers elle, plus fort que tous les halogènes du salon, plus directionnel que tous les spots du comptoir.
Alors, oui, tout s’est enchaîné, et semble-t-il, sans la moindre intervention de nos volontés.
‹ Que veux-tu manger ? Tu aimes le vin de Graves ?
‹ Mais oui, tu sais, je fais confiance en la nature : je veux bien manger des huîtres. Pas toi ?
‹ Tu ne sais rien de moi, et je ne sais rien de toi. Qu’importe ? C’est la marée montante qui nous ballotte l’un contre l’autre. Ne sens-tu pas le clapot ?

                                                                       *

Je n’ai pas le souvenir d’avoir jamais vécu des heures à la fois si pleines et si dénuées de calcul et d’attente. Nous nous sommes aimés comme aux premiers temps de la terre promise, poussés l’un vers l’autre sans nous demander pourquoi. Parce que c’était elle et parce que c’était moi, tout simplement.
J’ai voulu avoir une photo d’elle. Elle y flamboyait de toute la luxuriance de ses longues mèches blondes. A peine donnée, elle la retira de mes mains et elle la déchira.
‹ Non, ce n’est pas moi. Ce ne sera jamais plus moi.
Au petit matin, nos routes devaient déjà se séparer. Pour quelques jours, ou pour toujours ? J’avais à adresser mon article au journal par le net, puis à reprendre l¹avion. Elle, elle continuerait son sauvetage, à faire et à refaire sans cesse, jusqu’à ce que toute cette merde vienne à épuisement.
Resté seul dans la chambre de notre passé qui n’aura peut-être jamais de futur, je suis maintenant ce gros oiseau mazouté, mis au repos au milieu de toutes ces stupides pages de journaux froissés. J’ai alterné l’hypothermie et l’hyperthermie et j’attends de pouvoir à nouveau m’envoler vers des rivages plus sereins.
Le répondeur de son portable vient à point pour me permettre d’activer ma balise de détresse:
‹ Au secours ! Martin-pêcheur juché sur un piquet de parc à huîtres attend la suite de son traitement prophylactique. Stress toujours menaçant.
Machinalement, j’allume la radio. A l’émission de Ruquier, quelqu’un vient raconter la bonne blague du jour:
‹ Que fait la femme du journaliste après avoir fait l¹amour ?
‹ Elle va chercher son mari à l’aéroport.
Oh, elle est très drôle, celle-là !

Le 14 février - Fête de la St Valentin  

 

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