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Retour au concours 2005
« C’est typiquement une démarche d’écrivain d’utiliser une
conversation de rencontre… » disent Annie et Mireille dans leur
nouvelle Petit Mensonge.
Peut-être n’est-ce pas ainsi que cela a commencé pour chacun de vous, mais
votre imagination nous a fait faire, à nous lecteurs, de bien beaux voyages !
Voyages
dans le temps tout d’abord : nous avons, grâce à vous, traversé
les siècles, du Moyen- Age jusqu’en 2004, faisant étape en novembre 1629,
mai 1833, décembre 1941, été 1942, pour ne retenir que quelques-unes des
dates par vous évoquées.
Que de dépaysement aussi ! Nous étions en Afrique (la Côte
d’Ivoire et Abidjan, et Saint Louis du Sénégal), en Californie devant le
Grand Canyon, sur une base américaine dans le Pacifique, et même sur le pont
d’un navire de la Compagnie des Indes,
jetant l’ancre sur le Continent Rouge…
C’est pourtant la
France qui eut vos faveurs : Paris, bien sûr, mais aussi Bayonne, Annecy,
Nantes et Saint-Nazaire, le tribunal de Digne, puis Lille, le Jura, le Bureau
des guides de la Grave et le glacier du Bec de l’Homme, la Corse aussi… Que
de dénivelées !
Très
souvent pourtant nous sommes restés à Lyon : le TGV nous a conduits à la
Fête du Livre de Bron, le métro Gare de Vaise et le périph’ jusqu’au
Grand Trou, si près des vapeurs de Feyzin. Nous avons pénétré dans la
bibliothèque du 2° arrondissement, à deux pas de la cathédrale aux cloches
étourdissantes. Nous vécûmes des moments inoubliables au cinéma, sur un
parking, dans plusieurs hôpitaux (service neurologie), avons arpenté la rue
des Tilleuls « une rue sans queue ni
tête », avons poussé la porte du laboratoire d’analyse et de
recherche scientifique de la PJ, d’une ferme, nous sommes montés au grenier,
et nous sommes attablés dans la salle du Café
des Embruns avec vue sur le port. Plusieurs fois aussi, à peine sortis de
l’étude du notaire, nous avons scandé des slogans en pleine manif’…
Ce
fut terriblement dépaysant, et tonique aussi !!
Et nous n’étions
pas seuls ! que de rencontres
inoubliables : Une peintre
et son modèle, ô combien troublant, quelques assassins procédant par
strangulation, une Française de Côte d‘Ivoire vendant des bijoux, la rescapée
d’un accident, un médecin en mission humanitaire, le patron d’un bar-tabac
restaurant, un capitaine de vaisseau, une magicienne amoureuse de son roi, et
quelques noctambules paumés dans les vapeurs d’alcool…
Certains, c’est sûr,
resteront dans nos mémoires : Agostina Sandrelli alias Stefania Lualdi , révolutionnaire
italienne, Helena et Zéphir le chat, Sarah et Léa, Nathan le jeune milicien
noir, Camille la petite brindille recueillie par Félix, et Agathe à la veille
de son opération. Joël et Kline,
« papillon feu follet étonnant et
brillant qui ne cesse de se brûler les ailes », Pablo et Mila, Marine
et Jérôme Martel, Paul et Elizabeth , les amants maudits sur fond de France
occupée et de collaboration, Bertrand d’Argenlieu et My Lai Vinh la petite
espionne japonaise, Hélène la caissière, et puis Kim, sa mère, son père au
Canada, Maître Christophe Boucher et Cindy, l’hommemoderne@wanadoo.fr.
Souvenez-vous aussi d’Ernesto
Santos Alvarez da Silveira qui
voulut immoler par le feu Ignace Challumot ( !), et Jean Paul Penaglia, Béber
et l’inspecteur Saure, et Brian, « le
serial killer des patrons de brasserie », Diane et son psy, Peter et
Wendy avec miss Parker la bibliothécaire.
Quelle émotion de
retrouver les Fabulous Gaspacho, ce groupe mythique des années 80, et Thierry
l’étudiant serviable, Cécile Levasseur et P.A (Paul Auster ?), et aussi
Carmen la belle gitane, Lucie, Lucien et Lu Yung et ce mystérieux bébé aux
yeux bridés !
Nous
avons même croisé des fées ! Ce furent de belles rencontres…
Beaucoup d’entre eux, donc, « étaient
dans une impasse » : besoin d’argent, détresse
psychologique, dépression proche du suicide, danger de mort, mission à
accomplir, machination à ourdir. Certains simplement demandaient conseil :
pour une soirée amoureuse réussie, pour affronter un moment difficile, une
maladie. Le courage souvent leur fut redonné, le goût de vivre leur revint, la
vérité leur apparut, et ce désir impérieux, ou maladroit, d’exprimer leur
reconnaissance en se remémorant le bonheur passé.
Pour d’autres
cependant, ce ne furent que tentatives avortées, scrupules tardifs, échappatoires
et bien mauvais prétextes.
Des sentiments aussi
complexes et contradictoires donnèrent alors lieu à toutes
sortes de récits : rencontres et chagrins d’amour, ruptures,
escroqueries, accidents, prise d’otage, règlement de comptes, meurtres,
narration d’une étrange soirée d’anniversaire et d’une fécondation in
vitro. Les nouvelles prirent alors la forme de roman d’espionnage, tranche de
vie, témoignages, dialogue, correspondances, échanges sur Internet, minutes
d’un procès, chanson… L’un des narrateurs, en transe, ne contrôlait plus
son écriture, un autre fut l’objet d’un dédoublement de personnalité.
Pour mieux nous piéger
et nous séduire, il y eut de nombreux retours en arrière, souvent vers un passé
douloureux, flash-back de quelques années, et même d’un siècle.
Et
l’on assista même à une mise en abyme, une nouvelle dans la nouvelle…
L’on vit aussi planer l’ombre
de quelques grands hommes : Georges Moustaki, les peintres Eugène
Viollet-Le-Duc et Gustave Courbet : lisez, et vous saurez comment il conçut
et peignit l’Origine du monde !
Maupassant aussi n’était pas loin, et Platon (« Ce
que nous voyons n’est autre que le reflet de ce que nous sommes » écrit
Véronique Jaillette dans 8, impasse des Tilleuls)
Les objets aussi ont
joué leur rôle, et l’on entend encore résonner la guitare de Pablo, la voix
râpeuse de ce chanteur de flamenco, et les paroles scandées de cette chanson
de rap . On respirera longtemps avec délices ces effluves de cannelle, ce
parfum « poudré sucré » et cette odeur de cire, ou ce cassoulet
mijotant sur un bec Bunsen.
Que dire de tous ces
ordinateurs, et ces boubous multicolores, et ce portefeuille gonflé de billets
trouvé dans la rue, de Robox 2010, le robot ménager
dernier cri, et de ce tableau accroché au mur du salon ?
La
ciguë joua son rôle, Socrate n’était pas loin, et aussi un vin de Porto aux
vertus inattendues.
Quelle variété aussi dans les
tons !
Nous sommes passés du rire aux larmes : francs éclats de rire, dérision,
émotion, angoisse et mystère… Certains récits se terminaient en tragédie
et de simples faits divers tournaient au drame. De merveilleux moments d’amour
furent évoqués : « Je rêvais
d’être son pull en cachemire pour caresser délicatement ses épaules »
(Géraldine Ors Gauzelin dans En Sursis) ou
encore : « Il est des êtres avec lesquels le temps explose ; seul l’instant
présent existe,dans une force telle que ni l’avant ni l’après n’ont plus
d’importance » (Dominique Viollet dans Mon
clown). Certains textes, terriblement érotiques, nous ont troublés,
d’autres encore, empreints de fantastique, nous ont laissés sur notre faim…
Humour subtil aussi de certains passages : comment ne pas relever cette
phrase de Julien Zaegel dans Carmen : il évoque
un « climat complice et chaleureux comme ne le deviennent les relations européennes
qu’après de longues années de patiente et suspicieuse étude »…
Sans commentaire.
Et nous avons très
souvent senti le poids d’un passé terrible ou d’une enfance assassinée,
auxquels on ne peut éternellement tourner le dos, même si, comme le dit Raphaële
Badel, « Il est tellement plus
facile de fuir ». Présence, souvent, de paradis artificiels : dope,
drogue, alcool, conquêtes…Dans une « dégradation
de soi cachée sous les artifices de la nuit » (Internement
ordinaire, de Roland Roche), d’où « ce
manque qui sans cesse guette ».
Mais nous avons aimé
que souvent le salut naisse d’une rencontre et que l’espoir l’emporte « pour
que quelqu’un, peut-être au bord du gouffre, retrouve la force et la joie de
vivre à travers ses larmes » (Conte de fées,
Aurélie Barragan).
Parce qu’on ne veut pas croire que « la
vie ne soit qu’une infâme pomme acide qui vous tétanise sitôt que l’on
croque dedans » (Il est toujours temps
de Anne Denche), parce qu’on peut avoir conscience d’ « un
bonheur fugace, quelque chose qu’il ne faudrait pas rater » (C’est
sans doute mieux ainsi, Umberto d’Aloise),
parce qu’enfin, « le bonheur
n’est pas une quête éternelle mais une édification minutieuse à laquelle
il faut croire » (Raphaële Badel, Il est
tellement plus facile de fuir) et que « le
bonheur se partage ».
« Ce soir, le ciel est
splendide. C’est une de ces nuits d’été faite pour ceux qui vont bien
(…) Savez-vous qu’il existe des
moments où nous, petits humains, touchons l’éternité du bout des doigts ? »
(Dominique Viollet)
Alors
« nous ne vous remercierons jamais
assez » et nous espérons bien, nous, lecteurs, rester « en
contact » avec vous, auteurs !
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